« Quai des Orfèvres » de H.G. Clouzot (1947)…

… ou la culture française de l’aveu.

Du cinéaste Henri-Georges CLOUZOT, qu’on a, à raison, surnommé « le Hitchcock français », on connaît les thrillers policiers comme « l’Assassin habite au 21 » ou “les Diaboliques”, peut-être moins « Quai des Orfèvres », sorti en 1947, et qui marquait son retour à la réalisation après l’affaire du « Corbeau »…

Adapté d’un polar de Stanislas-André Steeman (comme l’Assassin habite au 21), le film raconte  la descente aux enfers d’un petit couple d’artistes de music-hall dans le Paris d’après-guerre. Jenny Lamour (Suzy Delair), chanteuse de cabaret prête à tout pour arriver, accepte un rendez-vous privé avec le vieux Brignon et n’échappe à ses avances qu’en lui écrasant une bouteille de champagne sur la tête ; elle croit l’avoir tué. Maurice son mari pianiste (Bernard Blier), en pleine crise de jalousie, était bien décidé à le tuer, lui, mais le trouve déjà mort… Tout le désigne alors comme coupable lorsque l’inspecteur Antoine de la brigade criminelle (Louis Jouvet) commence son enquête. Amie et confidente du couple, Dora (Simone Renant), secrètement amoureuse de jenny, est prête à s’accuser du meurtre pour la sauver…

Programmé le 18/10/2012 au Forum des Images dans le cadre du Cycle « Que fait la Police ? », la projection était suivie d’une rencontre avec Matthieu FRACHON, historien de la police et auteur de deux livres sur la célèbre brigade criminelle ou « Crim’ » du « 36 Quai des Orfèvres » à Paris.

En effet, le film fait date par sa représentation réaliste de l’enquête criminelle et des méthodes de la Crim’ en particulier ; c’est aussi le seul film à avoir été tourné en décor réel dans les locaux du 36 quai des Orfèvres ! (scènes d’interrogatoire, escalier et scènes avec les journalistes…)

Avec un extraordinaire don pour la mise en scène et le choix des acteurs (BLIER qui a alors tout juste 30 ans et JOUVET, magistral !), CLOUZOT nous montre un personnage banal passé au rouleau compresseur de la Brigade criminelle jusqu’à ce que son innocence soit finalement révélée, in extremis, grâce à l’intuition du flic et à l’opiniâtreté des enquêteurs qu’on voit interroger sans relâche les suspects (c’est la nuit de Noël), alternant interrogatoire, procès-verbal et « coup de la moquette » pour les faire craquer, pendant que la meute des journalistes attend dans le couloir (le fameux escalier de la PJ !)

Un superbe numéro d’acteurs, bien mis en relief par la programmation du Forum des Images et la lecture du spécialiste de la Crim’ Matthieu FRACHON.

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