« Castle » (1): l’écrivain et la fliquette…

Série Castle : Richard Castle & Kate Beckett

Diffusée sur ABC depuis le 9 mars 2009, sur France 2 depuis le 5 juillet 2010 où elle entame, cette rentrée, sa 2ème saison, la série « Castle » créée par Andrew W. Marlowe a fait des records d’audience sur la chaîne américaine et le 20 septembre prochain, les Américains auront donc la chance de découvrir la troisième saison.

Une série sur le ton de la comédie, dont la recette se situe autour de :

  • un (nouveau) couple improbable
  • des enquêtes façon « whodunit » avec de l’action
  • deux ou trois très bons personnages, portés par de très bons acteurs
  • et des dialogues mordants où l’on compte les points où l’on éclate de rire. Allez donc interroger le vieux voisin du 15ème étage ! (1×02) C’est du Woody Allen ! Un vrai morceau d’anthologie !…
(c) ABC

« Ensemble, on arrête les tueurs », explique Castle. « On forme une bonne équipe tous les deux, comme Starsky & Hutch, Turner & Hooch… » (2×02)

Très « Starsky & Hutch » en fait, à part que les 2 héros seraient un homme et une femme, un écrivain de thrillers et une fliquette appliquée, un type connu, limite jet-setter, avec des relations bien placées et un(e) obscur(e) lieutenant de police de base sans vie personnelle, si ce n’est un passé traumatisant encore à découvrir et une passion secrète pour les romans de l’auteur à succès.

Ayant raté la diffusion du pilote, c’est l’effet que les premiers épisodes de la série m’avaient fait : une de ces séries policières légères (entre « Starsky & Hutch » et « Clair de Lune » et très loin des « Experts »), rapides et bien huilées, qui font passer un bon moment, mais dont on se souvient au mieux de la musique et des personnages (dans le cas de Starsky & Hutch, de la bagnole !), rarement des intrigues…

Or, l’histoire, c’est précisément ce qui amène l’écrivain Richard Castle dans ce milieu a priori assez éloigné du sien qu’est la police judiciaire :

« Si je suis là, c’est pour l’histoire ! », explique Castle à Kate Beckett (1×01)

Car au moment où la série commence, Richard Castle, enfant gâté de la littérature policière populaire, – « le maître incontesté du macabre », comme le présente son éditrice et ex-femme Gina -, vient de « tuer » le héros qui a fait son succès d’une balle dans la tête, défiguré (eh oui ! l’écrivain commençait à s’ennuyer !) et se retrouve en panne d’inspiration avec l’angoisse de la page blanche.

Le hasard faisant souvent bien les choses (surtout quand on est dans la fiction !), c’est le moment que choisit un soi-disant tueur en série pour mettre en scène ses crimes en s’inspirant des écrits de Castle, façon « copycat ». L’écrivain use de ses relations pour s’imposer dans l’enquête (puis « les » enquêtes) menées par la police de New-York, aux côtés du Lieutenant Kate Beckett et de ses 2 inspecteurs Ryan et Esposito.

Bon gré, mal gré, les deux personnages sont amenés à collaborer et unir leurs savoir-faire au service de l’enquête :

  • avec méthode et application, pour KB, qui suit une à une toutes les pistes, vérifie tous les alibis, jusqu’à découvrir, presque par élimination !, la vérité
  • avec une grande créativité pour  Castle, qui passe toujours les éléments de l’enquête au crible de ce que serait, à son avis, « une bonne histoire ».

C : « En fin de compte, chercher des preuves, c’est vraiment… rasant ! KB : Bienvenue dans mon monde ! » (1×04)

Entretiens avec la famille des victimes, interrogatoires au commissariat, le « whodunit » déroule un à un la liste des suspects, les scènes de crime ne sont pas toujours remarquables, non plus le scénario des crimes ou les mobiles… Même s’il contribue utilement à l’enquête et ô combien au divertissement, il n’est pas sûr que l’écrivain Castle (voire le scénariste de série en général ?) ne perde pas un peu le fil, la force ou l’originalité de son propos sous les contraintes de la production en série…

On verra que, comme d’habitude, l’essentiel du propos, toutes les idées originales de la série dans lesquelles on pourra, au fil des saisons, puiser l’inspiration, sont présentées dans le pilote.

Cependant, épisode après épisode (c’est un rendez-vous !), nous voyons ce couple mal assorti apprendre à se connaître, comme une relation se construit dans la vraie vie. Et alors que les intrigues semblent presque passer au second plan, l’image du visage attentif, sensible et grave de Nathan Fillion s’imprime, celui de l’écrivain contemplant les tréfonds de l’âme humaine depuis l’observatoire privilégié qu’il s’est choisi, un regard qui apporte une distance essentielle dans cette accumulation indistincte de crimes, cette répétition laborieuse des enquêtes qui constituent par définition une série policière.

1×05 (c) ABC

Et c’est ainsi qu’est maintenu, plus ou moins, l’équilibre, « Castle » contenant, en germe, les plus incroyables possibilités de scénario et de renouvellement du genre grâce à cette métaphore de l’écrivain et du scénariste.

(A suivre…)

En savoir plus :

  • Acheter le DVD :

« Castle », saison 1

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