« Toute ressemblance… » : réalité et fiction dans les séries policières américaines

Livre Crimes de Séries par Aurélie Poupée

Les séries américaines nous livrent parfois les mêmes histoires déclinées, semble-t-il, à partir d’un même fait divers criminel réel…

Les crimes évoqués dans nos séries sont-ils réels ?  Jusqu’à quel point les fictions US s’inspirent-elles de faits réels ? Comment et pourquoi s’éloignent-elles de la réalité pour devenir des oeuvres de fiction à part entière ?

Sorti en 2009, le livre « Crimes de Séries ou comment les séries policières américaines s’inspirent de faits réels » d’Aurélie Poupée (Ed. Scènes de Crime) s’intéresse au sujet à travers 4 séries US majeures :

  • Cold Case

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  • Esprits criminels/Criminal Minds
  • New-York District/Law & Order
  • Les Experts/CSI.

Dans cette étude, A.Poupée analyse les emprunts à la réalité de l’histoire criminelle du pays, les digressions par rapport au motif original et les raisons de ces digressions, en utilisant pour chaque série :

  1. l’étude d’un certain nombre d’épisodes (« la fiction »)
  2. la documentation à disposition, composée des enquêtes policières réelles, témoignages et souvenirs de profileurs, émissions TV US et enfin, articles de presse US et français (« la réalité »)
  3. et leur « comparaison« .

Vous y découvrirez ainsi comment un vrai club de golf se transforme en raquette de tennis dans « Cold Case », l’étendue de la contribution du FBI à « Criminal Minds »,  pourquoi il est dangereux d’aller chercher une bière pendant un épisode de « New-York District » et ce qu’il faut penser du soi-disant « CSI effect », selon lequel, à l’inverse, la réalité s’inspirerait de la fiction…

L’intérêt du livre est évidemment d’autant plus vif qu’on connaît les épisodes qui sont décrits et commentés, les « infos du réel » présentées en regard y apparaissant comme autant de « révélations »… C’est le cas en particulier des deux épisodes de « Cold Case », dont l’auteur nous fait découvrir les méandres de l’enquête réelle, étendues respectivement sur 27 et 50 ans, à tel point que ces histoires finissent par faire partie de l’inconscient collectif d’une génération, d’un pays, etc…

Il est alors amusant de découvrir comment les scénaristes ont travaillé, ce qu’ils ont emprunté à la réalité et dans quelle mesure ils s’en éloignent parfois pour raconter ce qui devient leur histoire, leur création, bref, la manière dont ils s’approprient le réel et font oeuvre de création.

Comme souvent dans les livres qui s’intéressent aux séries, la paraphrase y prend beaucoup de place, qu’il s’agisse du nécessaire résumé des épisodes ou du compte-rendu de l’enquête dans la vraie vie et ce, au détriment d’une analyse plus posée.

Pour autant, l’exploitation minutieuse d’une documentation solide et variée permet à AP de nous offrir une incursion passionnante dans les coulisses de la création des séries, en documentant certains choix scénaristiques et en mettant en évidence les grandes caractéristiques de ces séries, leur « signature » propre :

  • La « marque de fabrique » de « Cold Case » qui est celle « d’apporter une reconstitution historique d’une époque précise, ainsi qu’une réflexion générale » et qui en fait, écrit Aurélie Poupée,  « une des séries policières les plus pointues et rigoureuses des années 2000 »
  • Le sujet exclusif du profilage criminel et des tueurs en série dans « Esprits criminels » qui en fait une série extrêmement cruelle, voire « trash », selon A.Poupée,  et sa signature particulière : psychologique, intellectuelle, voire philosophique à travers les citations de début et de fin d’épisodes
  • Le traitement « semi-documentaire » et sérieux de « New-York District » qui  expose la complexité du système judiciaire américain et dont « l’essentiel [n’est] finalement pas la résolution de l’enquête en tant que telle, mais la réflexion du téléspectateur sur ce qu’il vient de voir », note AP.
  • Ou encore la précision des scènes d’interrogatoire de son spin-off « New-York : section criminelle ».

Un sujet vaste et passionnant qui ne s’arrête évidemment pas à la comparaison de quelques épisodes de fiction aux faits réels qui en sont le point de départ.

Réalité ? Fiction ? A suivre !….

En savoir plus..

In : « le Rôle des données documentaires dans les films de fiction hollywoodiens » (lors de la Journée d’Etude sur le Classicisme hollywoodien le 31/05/2007 à l’ENS)

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