Le cimetière marin de Menton…

Tombes avec vue…

Dès le début du 19ème siècle, la ville de Menton était réputée pour son climat et fréquenté de très nombreux nantis, nobles ou aristocrates étrangers venus de l’Europe du Nord et de l’Est  y soigner leur tuberculose, – ce qui explique le très grand nombre d’inscriptions en russe, allemand, anglais ou américain sur les stèles et les tombes du cimetière du Vieux-Château, situé au-dessus de la vieille ville de Menton, sur les vestiges du château-fort qui protégeait autrefois la cité.

De jour ou de nuit, c’est une promenade pleine de charme qui serpente doucement entre les maisons ocres aux façades fleuries jusqu’à la Basilique Saint-Michel Archange, au parvis aménagé en salle de concert en plein air, avant de déboucher paisiblement sur l’entrée du cimetière.

Construit en terrasses, avec vue imprenable sur la baie de Garavan et les caps italiens, le cimetière est vraiment cosmopolite, et aux inscriptions funéraires en anglais, en allemand ou en suédois, répondent le bulbe doré de la chapelle du carré russe ou les carreaux d’argile émaillé qui ornent çà et là les murs du cimetière de mystérieuses citations en mentonnais.

Accueillis d’autorité par l’imposante stèle surmontée du buste d’un certain lieutenant Bosano († 1884), le regard est tout de suite attiré à gauche, sur la terrasse inférieure, par l’étonnant mausolée d’une princesse polonaise – Janina Jelowickich Lewandowska -, dont la statue de pierre s’envole au-dessus du cercueil. Un article de Nice-Matin du 01/11/2010 signé Marion Courtassol nous apprend que cette oeuvre du sculpteur italien Donato Barcaglio a sa jumelle dans le vieux cimetière de Varsovie (Source : Article Nice Matin du 01/11/2010 : « Menton, Les belles histoires du cimetière du vieux château, par Marion Courtassol). Il faudra aller voir…

Ici et là, on fait des rencontres : le buste d’une jeune femme (d’une enfant ?) caché derrière des palmes sur une tombe sans nom ; juché sur un monument funéraire un personnage religieux veille sur son carré d’âmes ; dans une niche, une statue du deuil, séchant ses larmes, soupire : « Reposez en paix »…

Et si Louis Laurenti, Maire et conseiller général de Menton (1841-1916 ?) est enterré avec toutes ses médailles, gravées sur sa pierre tombale, certains caveaux sont couverts de photos de famille qui se font face : la conversation continue… Emouvantes, les statues de Robert et Marcelle, deux enfants morts en bas âge dans les années 20 et 30, sont placées de part et d’autre de la stèle familiale, représentés comme de petits anges. Plus bas, des tombes serrées entourées d’un lacis métallique, ressemblent à de petits berceaux bien alignés

Entre ciel et mer, inondé de soleil, le cimetière associe de façon parfaite la nature et la pierre. En plein milieu du chemin, un arbre pousse ses racines le long d’un mur et offre son écorce aux amoureux pour qu’ils y inscrivent leurs noms dans des cœurs entrelacés et l’arbre devient lui aussi un monument, une stèle, témoignage d’un amour bien vivant.

« Fermé, sacré, plein d’un feu sans matière,
Fragment terrestre offert à la lumière,
Ce lieu me plaît, dominé de flambeaux,
Composé d’or, de pierre et d’arbres sombres,
Où tant de marbre est tremblant sur tant d’ombres;
La mer fidèle y dort sur mes tombeaux! »

In : Le cimetière marin, Paul Valéry [extrait]

En Savoir plus :

Laisser un commentaire