Londres : visite du Musée Sherlock Holmes…

221b, Baker Street, adresse mythique !

Si la vocation d’un musée est de réunir, conserver, étudier et présenter au public les objets témoins matériels et quasi scientifiques de l’existence des hommes et de leur évolution, alors le Musée Sherlock Holmes n’a tout simplement pas lieu d’être…

Il s’agit après tout de l’adresse toute fictive d’un personnage de fiction !

Mais en tant que collection d’objets culturels, reflet fidèle d’une œuvre, de l’univers d’un personnage et aussi de son époque, autour desquels rassembler les passionnés des écrits de Conan Doyle et de son personnage de Sherlock Holmes, le musée joue plus que jamais son rôle !

Situé non loin de Mme Tussauds, le petit musée a été ouvert par la Sherlock Holmes International Society en 1990, contre l’avis des héritiers de Conan Doyle et avec l’autorisation spéciale de la City of Westminster pour que l’immeuble situé entre les N° 237 et 241 de Baker Street puisse porter le n°… 221b !!!

De fait, entrer au 221b, Baker Street, c’est un peu comme tomber dans une faille spatio-temporelle… Poussez la porte du musée, montez les 17 marches et pénétrez dans les appartements typiquement victoriens qu’occupèrent Sherlock Holmes et le Dr. Watson de 1881 à 1904, dans la pension tenue par Mrs. Hudson…

Les appartements de Sherlock Holmes…

Dans le petit salon à la décoration chargée, rempli de livres, d’accessoires, de souvenirs et de références aux nombreuses aventures écrites pour Holmes et Watson, le feu crépite doucement dans la cheminée et les deux fauteuils vides, témoins des nombreuses discussions du célèbre tandem, laissent à penser qu’ils ne sont pas loin…

Bien que personne ne vous l’explique (!), le chapeau melon de Watson, la casquette en tweed, la pipe et la loupe de Holmes, disposés sur une table entre les deux fauteuils, sont à votre disposition pour accessoiriser vos photos souvenir.

D’ailleurs, les photos –avec ou sans flash- sont autorisées partout !

Chaque pièce du musée est un régal pour le connaisseur des nombreuses enquêtes de Sherlock Holmes, chaque objet une question posée à ses connaissances et à sa mémoire, comme un quizz grandeur nature.

3 romans lus sur 4 et 1 seule nouvelle sur les 56 écrites par Conan Doyle sont sans doute une expérience assez maigre en holmésologie, mais c’est précisément la recherche d’un appartement en colocation qui amène Watson et Holmes à faire connaissance dans le premier roman “Etude en rouge” publié en 1887 et le récit par Watson de leur rencontre et de leur installation apporte un éclairage riche et vivant à la visite de leurs appartements, comme plus tard celui du « Chien des Baskerville » (1902), par exemple, pour apprécier les expositions de la dernière salle :

  • Le salon  du 1er étage

« Le lendemain, après nous être retrouvés au rendez-vous convenu, nous nous rendîmes, Sherlock Holmes et moi, au numéro 221 de Baker Street, pour visiter le logement dont il avait été question. Il se composait de deux chambres à coucher très confortables et d’un grand salon bien aéré, élégamment meublé et éclairé par deux larges fenêtres. L’ensemble était si séduisant et le prix si modique — du moment où nous en payions chacun la moitié — que l’affaire fut conclue sur-le-champ. Comme nous pouvions entrer immédiatement en jouissance, je transportai le soir même toutes mes affaires dans notre nouvel appartement et le lendemain matin je vis, arriver Sherlock Holmes avec un assez grand nombre de malles et de caisses. Pendant deux ou trois jours nous fûmes uniquement occupés à déballer tous nos bibelots et à les disposer de manière à les mettre le mieux possible en valeur. Ces arrangements préliminaires terminés, nous commençâmes à nous sentir installés et à nous familiariser avec notre nouveau domicile » [Source : “Etude en rouge”, 1ère partie, chap. 2 : Où l’on voit que la déduction peut devenir une vraie science – 1887]

Sur la table basse (ou dans la boutique, bien sûr !), on retrouve le célèbre « deerstalker » ou casquette en tweed à double visière de Sherlock (qu’il porte avec un macfarlane, ce long manteau aux épaules recouvertes d’une cape) et aussi sa pipe calebasse jaune en forme de S, taillée dans une courge…

  • Observation et déduction : les collections

Watson parlant de Sherlock : « Vous avez vraiment la spécialité du détail, remarquai-je. » [Source : Le Signe des Quatre, 1890, Chapitre 1 : La Déduction est une science]


« Tout en parlant, il avait retiré de sa poche un mètre en étoffe et une grande loupe ronde. Muni de ces deux instruments, il se mit à trotter sans bruit à travers la chambre, s’arrêtant ici, s’agenouillant là, se couchant même parfois à plat ventre. » [Source : Etude en rouge – 1887 – Chap. 3 : The Lauriston Garden Mystery]

  • Le Chien des Baskerville (1902)

Watson raconte : « J’étais au coude-à-coude avec Holmes, et je lui jetai un coup d’oeil : son visage était livide, mais exultant; ses yeux luisaient comme ceux d’un loup, mais, tout à coup, ils immobilisèrent leur regard, s’arrondirent et ses lèvres s’écartèrent de stupéfaction. Au même moment Lestrade poussa un cri de terreur et s’écroula la face contre terre. Je sautai sur mes pieds; ma main étreignit mon revolver mais ne se leva pas; j’étais paralysé par la forme sauvage, monstrueuse qui bondissait vers nous. C’était un chien, un chien énorme, noir comme du charbon, mais un chien comme jamais n’en avaient vu des yeux de mortel. Du feu s’échappait de sa gueule ouverte; ses yeux jetaient de la braise; son museau, ses pattes s’enveloppaient de traînées de flammes. Jamais aucun rêve délirant d’un cerveau dérangé ne créa vision plus sauvage, plus fantastique, plus infernale que cette bête qui dévalait du brouillard. » [Source : Le Chien des Baskerville, 1902, Chap.14]

Galerie de personnages…

Mais le musée Sherlock Holmes, c’est aussi une galerie de personnages :

En vrai : les figurants en costume (un « bobby » à l’entrée – pour gérer le « guest flow » – et la logeuse Mrs Hudson, qui s’endort sur un sofa…) Il paraît qu’on peut rencontrer et même discuter avec le Dr. Watson. Dans ce cas, évitez l’heure du déjeuner ! Nous ne l’avons pas rencontré…

Ou en faux : toutes les représentations de Sherlock Holmes (sculptures, dessins, photos, figure de cire au 3ème étage), et aussi celles de ses ennemis et des autres personnages décrits dans les nouvelles et les romans de Conan Doyle…

  • Sherlock Holmes, policier consultant

De(s murs de) la jolie station de métro aux salles du musée tout proche, les représentations du plus célèbre détective de tous les temps abondent aux alentours de Baker Street, permettant à ses admirateurs de fixer et d’affiner peu à peu ses traits, de la silhouette emblématique façon papier découpé aux caractéristiques les plus remarquables de son visage.

Watson fait le portrait de Sherlock Holmes : « Les semaines se succédaient et je sentais ma curiosité devenir de jour en jour plus vive à l’endroit du but qu’il pouvait bien donner à son existence. Tout son extérieur, d’ailleurs, était fait pour impressionner à première vue l’individu le moins observateur. D’une taille élevée — il avait plus de cinq pieds et demi, — sa maigreur le faisait paraître bien plus grand encore. Ses yeux étaient vifs et perçants — excepté pendant ces périodes de torpeur dont j’ai parlé plus haut, — et son nez, mince et recourbé comme le bec d’un oiseau de proie, donnait à son visage une expression décidée, jointe à un air de pénétration remarquable. La forme carrée et proéminente de son menton contribuait aussi à dénoter chez lui une puissance de volonté peu commune. Ses mains étaient constamment couvertes de taches d’encre et de brûlures produites par les acides chimiques ; et cependant il avait une adresse extraordinaire dans les doigts, ainsi que j’ai pu m’en convaincre souvent en le voyant manier ses fragiles instruments de physique. » [Source : Etude en rouge, 1887, Chap. 2]

Sherlock Holmes définit son métier de détective consultant : — « Mon Dieu, j’ai un métier tout spécial et je présume que je suis seul au monde à l’exercer : je suis un policier consultant, si je puis m’exprimer ainsi. Ici, à Londres, la police se compose d’une foule d’agents appartenant, soit au gouvernement, soit à des agences privées. Quand ces individus sont embarrassés, ils viennent me trouver et je leur débrouille leur affaire. Pour cela, ils m’exposent les faits avec toutes les circonstances qui s’y rattachent, et généralement, grâce à l’étude spéciale que j’ai faite des crimes, je me trouvé à même de les remettre dans la bonne voie. Tous les crimes, en effet, ont entre eux un véritable air de famille, et, si vous en connaissez mille jusque dans leurs moindres détails, il est bien rare que vous n’arriviez pas à démêler tout ce qui concerne le mille et unième. » [Source : Etude en rouge, 1887, Partie 1, Chap.2]

Il existe un autre musée Sherlock Holmes à Meiringen, dans le canton de Berne, en Suisse. C’est en effet dans les chutes du Reichenbach que l’écrivain Sir Arthur Conan Doyle, fatigué de son personnage,  avait tenté de le faire disparaître  en 1891. Suite aux réclamations de ses lecteurs, Conan Doyle s’était vu obligé de « ressusciter » Sherlock Holmes en 1894.

Un personnage qui refuse de mourir, un musée imaginaire, c’est tout ce qu’il faut pour entretenir une légende !

Toutes photos (c) SKTV

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