Les Apaches du Pont Rouge, de Philippe WARET…

Couverture du livre "Les Apaches du Pont Rouge figurant un Apache à casquette à gauche, l'entrée d'une ferme et le personnage de Buffalo Bill à cheval sur la droite

Quel plaisir de retrouver les journalistes du Populaire dans une nouvelle enquête… Outre le spectacle de Buffalo Bill dans le Nord en 1905, Les Apaches du Pont Rouge évoquent la vie des petits et grands voyous de Roubaix, ceux qui asticotent le bourgeois et les escrocs qui s’approprient des terrains…

Dans les coulisses du Wild West Show au Pont Rouge

Quand le 7e tome des Mystères de Roubaix (Note 1) commence, la ville du Nord est à la veille d’un événement historique… La tournée d’adieu de 1905 du spectacle de William CODY, alias Buffalo Bill, passera par Roubaix ! (24)

À l’américaine, la grosse machine du divertissement s’est mise en branle. Faute de terrain municipal adéquat, la ferme de Maufait dans le quartier du Pont Rouge accueillera « le campement, les tribunes et l’arène » (37). Suite à des tractations immobilières privées menées depuis Paris, l’héritier Alex Delcourt aurait donné son accord. Bizarre quand on sait qu’il a quitté le Nord sans donner aucune nouvelle depuis 3 ans !

Puisant dans la presse de l’époque, l’auteur Philippe WARET raconte l’arrivée et l’installation millimétrée de la troupe du Wild West Show :

« Le chargement était disposé dans l’ordre du montage du camp, les voitures furent déchargées et attelées, les hommes du show firent descendre les chevaux dans l’ordre et toute la troupe se dirigea vers Roubaix. » (47)

Arrivé de nuit à Croix (46), le train de Buffalo Bill est prestement déchargé. La troupe, quant à elle, traverse la ville à cheval en direction du Pont Rouge (47) :

« Toute l’installation fut terminée à 10h00 et les curieux furent invités par le personnel à se retirer. » (50)

Tout le chapitre consacré aux coulisses du spectacle adopte le style de l’énumération, associant exactitude historique et pittoresque (chap.4).

Sur le même ton, le trop court récit du spectacle (51-53) manque d’indications sensorielles qui l’auraient rendu plus vivant : vibrations des galops dans le sol, couleurs, musique ou cris, réactions du public… Le gap entre fidélité historique et souffle romanesque reste, semble-t-il, à combler.

Le polar Les Apaches du Pont Rouge est basé sur une histoire vraie. Ici, le fac-similé du Journal de Roubaix annonçant l'arrivée de Buffalo Bill à Roubaix en 1905.
Photo ©Bibliothèque numérique de Roubaix –

Apaches de l’Ouest américain contre Apaches du Nord : des scènes dignes du cinéma

Heureusement, le show à peine terminé, le polar reprend ses droits : François, frère adoptif d’Alex et personnage central des Apaches du Pont Rouge, est attaqué par 4 malfrats sur le chemin du retour (54). Il ne doit la vie sauve qu’à l’intervention de nos 3 journalistes. Le vieil Émile (72-73), concierge de la ferme de Maufait, puis l’ancienne cuisinière Angèle (98) auront moins de chance…

Pourquoi les anciens de la ferme du Pont Rouge sont-ils, l’un après l’autre, tués ou menacés ? Pour les 5 amis d’enfance de François, qui vivent de petits larcins, c’est sûr, tout est lié (79).

Les scènes de combat sont, comme toujours dans la série, extrêmement visuelles et enlevées. Quasi cinématographiques, comme le sont les scènes de meurtres (72-73, 75, 98) ou la scène finale du siège et de l’incendie de la ferme (191-213).

De fait, Philippe WARET a un talent particulier pour ces scènes d’action. C’est vrai pour Les Apaches du Pont Rouge, comme pour tous les romans de la série.

C’est ainsi que l’auteur parvient à équilibrer le récit après la description flamboyante et très documentée du Wild West Show…

Pittoresques, les Apaches du Nord à la petite semaine, subtilisant bourses, montres et chapeaux (102-106), le sont tout autant que ceux de Buffalo Bill :

 « Nous sommes la bande du Pont Rouge et nous y avons beaucoup d’activités. Dont la principale, qui est d’asticoter les bourgeois. […] ceux qui te regardent de haut parce qu’ils ont de l’argent, qui croient que tout leur appartient, pire encore, que tout leur est dû ! » (101)

Du bon côté du pont…

De fait, le Roubaix décrit par Philippe WARET est le Roubaix populaire : celui des copains à la vie à la mort, de la débrouille et de la haine du bourgeois :

« Nous ne tuons personne et nous ne nous en prenons pas à l’ouvrier ! » (103)

À noter, il ne restera à la fin plus un seul de ces Apaches du Pont Rouge,  morts pour défendre leur copain. L’honneur est sauf ! Et François, le héros de cette 7ème aventure des Mystères de Roubaix – merci, Philippe WARET ! -, peut désormais « couler des jours heureux » dans la petite maison qu’il s’est fait construire (218). L’honneur est sauf !

Super documenté, bon enfant, avec des passages épiques dignes du cinéma, c’est ainsi qu’on peut décrire les romans de la série Les Mystères de Roubaix. Un grand écart parfaitement maîtrisé entre reconstitution historique et polar.

Polar Les Apaches du Pont Rouge posé le long de la fenêtre dans un train
Lecture des Apaches du Pont Rouge dans un train qui ne roule pas vers Croix… – Photo (c)SKTV –

NOTES LES APACHES DU PONT ROUGE :

  • Déjà parus dans la série Les Mystères de Roubaix
  • Tome 1 : L’Ecorcheur du Fontenoy(mai 2017), 
  • Tome 2 : La Petite Main des Longues Haies(septembre 2017), 
  • Tome 3 : Les Amateurs d’Art du Tilleul(janvier 2018),
  • Tome 4 : Les Rouleurs de Barbieux (janvier 2019),
  • Tome 5 : Le Maître du Trichon (septembre 2019),
  • Tome 6 : Les Chambres noires de l’Epeule (mai 2021).

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