« Chambre froide » de Minette WALTERS…

Tromperie sur la marchandise…

Sorti en 1993, « Chambre froide » (titre original : « The Ice House ») est le premier polar de l’auteure anglaise Minette WALTERS, pour lequel elle a reçu le prix John W. Creasy pour un premier polar.

Personnellement, je ne lui aurai pas donné de prix (pas même un prix d’encouragement !), tellement je l’ai trouvé ennuyeux dans toute sa première partie, théâtral, plein d’un joli fatras féministe inutile, peu inventif et finalement assez invraisemblable par plusieurs aspects !

Quand un corps est retrouvé dans l’antique glacière d’un manoir du 17ème siècle habité par 3 femmes célibataires d’une trentaine d’années, c’est tout le passé qui est remis en question. En effet, dix ans auparavant, l’une d’elles, Phoebe Maybury, a été soupçonnée d’avoir tué son mari. Toujours aux manettes, le flic de l’époque se jette dans l’enquête, bien décidé à mettre un point final à l’affaire abandonnée faute de corps, tandis que son adjoint est plus ambivalent : à la fois hostile aux trois femmes et à leur mode de vie supposé et… irrésistiblement attiré par l’une d’elles, une journaliste militante, pro des scoops et de la provocation.

Après cette première épreuve, les 3 amies ont décidé de faire front, d’habiter ensemble le domaine qui doit être conservé au moins jusqu’à la majorité des enfants de Phoebe, et de se soutenir coûte que coûte, même si cela signifie vivre « une vie de paria » (67), les soupçons des villageois s’alimentant de leur attitude hautaine. Jugées comme des criminelles, des sorcières, et surtout des lesbiennes pervertisseuses de la jeunesse locale, elles sont l’objet des cancaneries du village et même d’expéditions punitives violentes.

« Quand on est bourré de frustrations, il ne reste plus de place pour l’humour » (319), note le patron du pub, seule incarnation du bon sens dans tout le village.

Mais peut-on baser un polar sur ce seul argument ? Et que faisons-nous du malheureux cadavre noirci, mutilé, à peine identifiable retrouvé par le jardinier, lui-même repris de justice ?

Dans ce polar, on part de peu :

« Un vagabond qui s’introduit dans une propriété ne meurt pas à poil d’un infarctus » (23)

Et on a beau le retourner dans tous les sens :

« Qu’est-ce qu’un corps nu peut bien faire dans la chambre froide de Mrs. Maybury, sergent ? Et par quoi, ou par qui, a-t-il été bouffé comme ça ? » (35),

on arrive à encore moins…

Le goût de Minette WALTERS pour les dialogues tendus et la psychologie prédestinait sans doute ce premier écrit au théâtre. L’enquête, composée pour une bonne partie d’interrogatoires menés sur place dans la grande maison sonne d’ailleurs bien souvent comme une pièce de théâtre à huis clos (en particulier la scène de la perquisition menée chez Anne Cattrell par le sergent McLoughlin (146-157)). Les portes des appartements privés des 3 femmes s’ouvrent sur le salon commun comme un décor de théâtre, et les flics apparaissant comme des psys ou des accoucheurs, amenant interrogatoire après interrogatoire, à la révélation finale et au dénouement, non sans passer par la case « leçon de morale », infligée par les flics aux jeunes du pays (323-324) et comme si ça ne suffisait pas aux bleus parmi les flics (332) – et au lecteur par la même occasion ! Minette WALTERS prend en plus grand soin d’apporter une fin positive pour tous ou presque dans l’aventure : la liberté pour Phoebe, l’amour pour McLoughlin (et même un poste d’associé dans une brasserie, s’il décide de quitter la police !), une virée au pub pour les autres… jusqu’à la nausée !

Ne vous fiez donc pas à la quatrième de couverture concoctée, ici, par les éditions Pocket ! La présentation de l’éditeur d’à peine plus de cent mots vaut mieux que les 343 pages du bouquin lui-même ! On attend en vain toute la première moitié du livre que quelque chose se passe et qu’on soit enfin accroché, puis l’auteur nous abreuve d’un certain nombre de rebondissements et de fausses pistes pour aboutir à cette interrogation hautement philosophique : a-t-on le droit de négocier avec la vérité et renoncer à la justice par amour ? (Si j’osais, je dirais que personnellement, je m’en fous !)

J’ai découvert, après avoir terminé le livre, qu’il avait été adapté en 1997 sous la forme d’un téléfilm de 3 heures en 2 parties par la BBC, sous son titre original de « The Ice House », avec Daniel Craig dans le rôle du sergent McLoughlin…

Si je l’avais su avant, peut-être ma lecture en aurait-elle été modifiée ?

Daniel Craig joue le Sergent McLoughliin dans "The Ice House", l'adaptation télé de la BBC, en 1997 -

En fait, je ne crois pas. S’il crève déjà l’écran dans ce téléfilm qui compte parmi ses tout premiers rôles, on ne peut pas dire qu’il soit bon !!!

Si vous êtes curieux, vous pourrez voir le film ici :

Avez-vous lu « Chambre froide », ce premier polar de Minette WALTERS et l’avez-vous apprécié ? Ou si vous connaissez l’auteure, lequel de ses romans pourriez-vous me conseiller ?

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