« Scènes de crimes » de Marc VILLARD et Hermance TRIAY…

…ou l’image qui tue…

Aux éditions Le Bec en l’Air, la collection Collateral joue la rencontre d’un écrivain et d’un photographe dans un livre petit format à la mise en page très étudiée.

Ce dimanche 23/11/2014, dans le cadre du Festival Paris Polar 2014, à la mairie du 13ème, la rencontre entre les « Scènes de Crime » photographiées par Hermance TRIAY et les  histoires inventées par Marc VILLARD se rejouait devant les yeux du public lors d’une projection-lecture.

Packshots des armes : pierre, tesson de bouteille, couteau – qui ne servira pas forcément à tuer, mais peut-être à éventrer le butin d’un casse pour en voir dégringoler quelques colliers de saphirs salvateurs pour un SDF obligé de dormir dehors par tous les temps -, bas, tarentule, cendrier en verre (qu’on doublera d’un Ruger, pour plus de sûreté), marteau, jerrican d’essence (où sont les allumettes ?), seringue, soutif léopard (je confirme, c’est une arme !), pied-de-biche (en pleine gorge), oreiller (on devine), fil de fer, serpe (enfin, je crois), à nouveau un couteau et pour finir, un sac plastique bleu.

Et là, croyez moi, on ne devine pas !

Ensuite, il y a les photos de décors, prises à la chambre depuis dix ans au cours de différents voyages, dont l’Ouest américain et le Canada. Lugubres, et d’un piqué exceptionnel ! Sans âme qui vive pour « laisser la place d’exister à l’imagination du spectateur », commente la photographe sur son site. Lieux déserts (ou désertés), empreints d’une inquiétante étrangeté, devant lesquels, à force de les scruter, on se sent devenir voyeurs (lire sur son site ses « 99 notes préparatoires à la photographie voyeuriste »).

Celle qui aime la littérature, collectionne portraits d’écrivains et images qui font peur dit s’être inspirée pour cette œuvre de collaboration du « Rideau déchiré » de Hitchcock, de son propre vécu des événements de Tchernobyl découverts à la télévision quand elle avait 9 ans et des photos de repérages de film d’Alain RESNAIS, consignées dans un livre sorti en 1974.

Enfin, il y a les textes de Marc VILLARD, l’auteur de Série noire, qui multiplie depuis peu les collaborations avec d’autres artistes (notamment dans le domaine de la BD, etc…)

Les photos de profondes forêts canadiennes, de conteneurs abandonnés sur un parking sous une colonie de palmiers, de maisons à bardeaux, de motels en pleine cambrousse, et de paysages couverts de neige induisent des textes forcément exotiques, peuplés de personnages pittoresques dans des situations plus ou moins attendues : femmes battues, putains occasionnelles, victimes (souvent), couples adultères qui décident de se débarrasser du mari avec plus ou moins de succès, braqueurs nerveux et désorganisés, maris jaloux et déterminés, immigrants chinois livrés en containers (2 sur 7 qui en réchappent)…

Comme l’écrit Marc VILLARD avec grand à-propos : « La nuit commence à peine » (p.78, Bienvenue en Amérique).

Bref, c’est court, très coloré et on se marre bien…

« Wegman errait dans les couloirs. On lui avait parlé d’une bouteille de Corona au frais. Il actionna la poignée du frigo et découvrit le pack de bières. Il tira les bouteilles vers lui et, ce faisant, découvrit le bac à légumes. Sans se retourner il appela Porter. – Manny. – Oui ? – J’ai trouvé la fille » (138-139, Une Fille rangée)

D’ailleurs, rien ne vous empêche d’imaginer vos propres histoires…

A noter, jusqu’au 15 décembre 2014, vous pouvez admirer les photos de Hermance TRIAY accompagnés des nouvelles de Marc VILLARD à la Cité de la Mode et du Design.

J’ai acheté le bouquin, et grâce à Paris Polar, il est dédicacé !

En Savoir plus :

  • Expo « Scènes de Crime » à la Cité de la Mode et du Design : du 3 novembre au 15 décembre 2014 – 34 quai d’Austerlitz, Paris 13, sur la coursive face à la Seine, ouverte de 10h à minuit

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