[Séries Mania 2015] Conférence : La série bouscule-t-elle les stéréotypes ? Etude de cas sur la femme flic…

Les séries policières prisonnières du male gaze ?

On a bien rigolé mardi 21 avril 2015 au Forum des Images, lors de la conférence « La série bouscule-t-elle les stéréotypes ? Etude de cas sur la femme flic », donnée dans le cadre de la thématique « Série, genre féminin » choisie cette année pour le Festival Séries Mania.

Le personnage de la femme flic ne concentre-t-il pas – toujours et encore – le plus grand nombre de stéréotypes imaginables ?

Stéréotypes….

Tu montes, chéri ? (Castle, photos promotionnelles Saison 3)

Mathieu ARBOGAST, doctorant, notamment sous la direction de Sabine CHALVON-DEMERSAY, s’intéresse à « L’interaction du genre et des mécanismes télévisuels à travers l’exemple des personnages de policières dans les séries. »

Avec humour, il note que dans les séries où elles jouent un rôle principal, les femmes-flic sont invariablement grandes, sexy (pourquoi devraient-elles être plus sexy que les hommes à rôle égal ?), ultra compétentes (n’allez pas chercher d’anti-héros dans leurs rangs !), sensibles et aussi généralement plus jeunes de 6 ans que leurs homologues masculins. Déguisées (?) en prostituées, elles font merveille dans les missions d’infiltration (Ziva dans « NCIS : Enquêtes spéciales » 6×1, Kate Beckett dans « Castle » 2×1…),  couchent – ou ont couché – avec leur patron (Brenda Leigh Johnson & Pope dans « The Closer ») et les comédiennes qui les incarnent sont, de préférence, d’anciens mannequins (Farah FAWCETT dans « Drôles de Dames », Angie HARMON dans « Rizzoli & Isles » ou Vanessa DEMOUY dans « Central Nuit »).

En dépit de leur grade, elles ne sont souvent qu’un faire-valoir de leur partenaire masculin (Teresa Lisbon dans « Mentalist » ou Alexandra Eames dans « New-York, section criminelle », face à un Robert Goren (Vincent D’ONOFRIO) qui bouffe littéralement l’écran).

La faute à la logique du prime-time, conclut Mathieu ARBOGAST, et au « male gaze » (la théorie du regard masculin), qui pervertit toutes nos images.

Transgressions…

Et pourtant, depuis son apparition dans les années 70 (cf. « Sergent Anderson » – titre original : « Police Woman » ! en 1974), le personnage de la femme flic a été décliné de multiples façons :

  • des binômes mixtes, où règne la plus  pure camaraderie (Ah ! Ah ! Je ne trouve aucun exemple !…)
  • des duos exclusivement féminins (qu’on ne manquera jamais d’imaginer comme des couples lesbiens) : Cagney & Lacey, Missing, Rizzoli & Isles…
  • des équipes nouveau style où la femme flic protège un civil masculin (Mentalist, Castle)
  • L’U.S. Marshall risque-tout (« Chase »)
  • Des femmes d’âge mur qui dirigent des hommes et font face au machisme ambiant (au début de « Prime suspect », Helen Mirren a 46 ans), dans « The Closer »,Kyra Sedgwick a 40 ans).
  • Des enquêtrices surdouées, mais socialement inadaptées (« Bron », Bones »…)
  • Des femmes ouvertement lesbiennes et bigrement efficaces (la belle Kima dans « The Wire »)…
  • Ou des garçonnes qui marchent comme des cowboys (Roxane Delgado dans « Braquo ».

Pour vérifier la théorie du « male gaze », Mathieu ARBOGAST nous invite à découvrir la série britannique « Scott & Bailey », un duo de femmes flics de la police de Manchester qui sévit sur ITV depuis 2011 et qui est entièrement créée par des femmes.

Dans la même veine, Carole DESBARATS, essayiste de cinéma qui découvre avec délice l’univers des séries TV, cite « Engrenages », le fascinant « The Fall », le personnage de « femme normale » de « Happy Valley » et « The Killiing », dans lequel la commissaire Sarah Lund ose porter plusieurs jours de suite la même tenue, le même pull fétiche !…

A quoi ça tient, quand même, un vrai personnage de femme !

Contribution personnelle…

Pour conclure, voici ma petite contribution au débat : un diaporama consacré aux affreux flics macho et aux super femmes flics qui les valent bien…

2 thoughts on “[Séries Mania 2015] Conférence : La série bouscule-t-elle les stéréotypes ? Etude de cas sur la femme flic…

  1. potzina dit:

    J’adore ton article, il est excellent 😀 C’est vrai que les femmes dans les séries policières me font souvent halluciner. J’adore l’idée qu’elles portent des talons de 10 cm pour courir après les suspects ou qu’elles ne soient là que pour couvrir leur co-équipier !
    Sinon «Alexandra Eames dans « New-York, section criminelle », face à un Robert Goren (Vincent D’ONOFRIO) qui bouffe littéralement l’écran» : il est tellement grand, c’est logique *je sors* 😉

    • admin dit:

      Pour être exacte, la majeure partie de l’article n’est que le compte-rendu de la conférence des 2 intervenants, mais c’est vrai que le sujet parle à tout le monde !!! Les tenues de certaines femmes-flics pour interroger certains gros méchants ou se lancer dans une poursuite relèvent parfois de la pure provocation ! Ce que je trouve intéressant aussi dans le regard des chercheurs, c’est qu’ils ne rentrent absolument pas dans la fiction, en prenant pour acquis, comme nous simples téléspectateurs, un grand nombre des codes de ces séries. Pas mal pour « se laver un peu les yeux » de temps en temps, même si tout ce que disent ces doctes personnages n’est, dans le fond, pas très réjouissant ! A bientôt, poulette, et merci de ton commentaire qui me fait chaud au coeur 🙂

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