« Viande froide, cornichons : crimes et suicides à mourir de rire » d’Edouard LAUNET

Humour noir au menu….

Rien de tel pour commencer l’année avec le sourire que de se plonger dans « l’inventaire à la Prévert » proposé par le journaliste Edouard LAUNET des manières les plus surprenantes ou ridicules de se donner la mort dans le petit livre: « Viande froide, cornichons : crimes et suicides à mourir de rire », paru en 2006.

Je me suis souvenue avoir noté avec intérêt lors de sa sortie ce titre qui affichait avec une bonne dose d’humour noir son intérêt pour les sciences médico-légales… Le retrouver par hasard 6 ans après dans le catalogue de ma bibliothèque municipale m’a donné envie de sauter le pas… et de le lire.

L’objectivité scientifique à l’épreuve de l’humour…

Sorte de « Guinness Book  bis » du suicide, le livre s’appuie sur les très sérieuses communications des revues scientifiques d’anesthésie, d’urologie, de psychiatrie ou de médecine légale, pour mettre en avant – tant sur le fond que sur la forme – un intéressant catalogue des  « cas remarquables » (33).

Avec des titres comme : « Variante moderne de la pendaison : utilisation d’un treuil à horloge programmable », paru dans Archiv für Krimilogie (118) ou  « Effets de l’acide gastrique sur les pièces d’euro : réaction chimique et aspect radiographique après ingestion par des nourrissons et des enfants », paru en 2004 dans l’Emergency Medicine Journal (138), on comprend que le premier ressort du livre est le cynisme apparent de l’observation scientifique, son goût pour l’aspect statistique ou pratique des choses qui n’a d’égal, en l’occurrence, que l’inventivité et la détermination des suicidants, obsédés ou schizophrènes, à atteindre leur objectif.

« Seule la médecine légale parvient à fréquenter l’ultime frontière sans haine et sans passion », note l’auteur dans l’introduction, « pour ensuite venir en faire un compte rendu d’une objectivité minérale. Elle réunit dans cette entreprise de multiples compétences – biologistes, physiciens, chimistes, criminologues, zoologistes, psychiatres, entomologistes et l’on en passe – afin de répondre à une simple question : comment passe-t-on dans l’au-delà ? » (13)

Et si l’Avant-Propos nous annonce « des points de vue authentiquement extraordinaires » (12), les quelques 50 très courts chapitres qui suivent (2 à 3 pages maxi) tiennent amplement la promesse, livrant les scénarios les plus incroyables, dignes des meilleurs films d’horreur :

« La littérature médico-légale ouvre des perspectives fascinantes, dommage qu’elle se perde ensuite dans des inventaires sans intérêt – sauf peut-être pour un scénariste tâcheron qui aurait un film d’horreur sur le feu. » (133), note avec cynisme Edouard LAUNET, lui-même ingénieur et journaliste scientifique, avant de rejoindre le service Culture de Libération.

Est-il possible – on serait tenté d’écrire « plausible » – de se poignarder de 120 coups de couteau (42), se tirer plusieurs balles dans la tête ? (95), les hommes et les femmes suicidaires sautent-ils de la même hauteur et combien arrivent sur le pont en taxi ? (18-19), et plus généralement : quelle est l’efficacité comparée du suicide à l’insecticide (21-22), des crashs suicidaires en avion (39) ou encore la dangerosité des accidents autoérotiques (33) ?

Le livre répond, bien sûr, à toutes ces questions (et bien d’autres, auxquelles vous n’aviez sûrement jamais pensé !). La qualité d’écriture et l’humour de l’auteur, constants, font le reste !

Ainsi cette évocation estivale :

« C’est de nouveau l’été ! Les visages se tendent vers le soleil, les goélands jouent dans le vent, et sur la mer foncent les bateaux à moteur. Entre deux eaux, les hélices lacèrent le corps des baigneurs et tranchent le cou des plongeurs ». (66)

Ou cette autre plus terre-à-terre :

« On se flingue comment ? A 78 % avec un revolver, le reste de l’échantillon préférant le fusil de chasse  ou d’assaut. Les légistes de San Antonio font une intéressante constatation : avec un revolver, on se tire généralement la balle dans la tempe droite (question de latéralité), tandis qu’avec un fusil on se la tire dans la bouche. Ceux qui ont déjà essayé de se foutre une balle de fusil dans la tempe comprendront pourquoi » (93-94)

Bref, un petit livre parfait pour accompagner un trajet dans le métro, au risque d’un ou deux fous rires irrépressibles !…

Et vous, que lisez-vous dans le métro ? Quelques lectures inavouables ou fous rires à partager ?

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