Les Petits Meurtres d’Agatha Christie version années 50 avec le trio Samuel LABARTHE, Blandine BELLAVOIR et Elodie FRENCK sont l’une des rares réussites françaises en matière de séries télé. Adaptation très libre des polars d’Agatha CHRISTIE, chaque petit meurtre est un vrai bijou de mise en scène, de jeu d’acteur (Elodie, je t’aime !), de langage visuel (et sonore !), de dialogues comiques ciselés qu’on attend avec impatience et qu’on savoure avec gourmandise. Ayant récemment lu La Mystérieuse Affaire de Styles d’Agatha CHRISTIE, j’’étais vraiment curieuse de l’adaptation que nous en proposerait l’équipe de la série. Une adaptation libre – très libre ! – qui n’hésite pas à conjuguer homosexualité (sur tous les tons), différence d’âge et impuissance, quitte à faire dangereusement pencher cet épisode du côté du pathos…
La Mystérieuse Affaire de Styles made in Les Petits Meurtres : un épisode sur le fil !
Le charme particulier des Petits Meurtres d’Agatha Christie
On retrouve évidemment dans cet épisode de La Mystérieuse Affaire de Styles tout ce qui fait le succès des Petits Meurtres :
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La découverte du Nord à travers ses lieux de tournage :
Dans cet épisode, c’est le Château de Tilques – aujourd’hui le Najeti Hôtel Château Tilques, près de Saint-Omer dans le Pas-de-Calais (62) – qui sert de décor aux cures de jouvence proposées par Emilie Beauregard et sa directrice Eve Constantin. Et tout est vrai : la piscine, le parc, le tennis, les chambres, les petits-déjeuners servis dans les chambres, les peignoirs et même les chaussons !…
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Swan-Avril et Marlène, le trio infernal des Petits Meurtres
Ce n’est pas beau-beau, mais la tyrannie et le machisme de Swan, la dévotion de Marlène et la hargne pré-féministe d’Alice Avril, la jalousie des uns et des autres dans cet impossible – et souvent explosif – ménage à trois, et en même temps leur manière de veiller les uns sur les autres et de se protéger, leur profonde amitié forment la base du comique des Petits Meurtres.
A la fin de l’épisode 2×15 La Mystérieuse Affaire de Styles, chacune des deux figures masculines représentées par Swan et Alice tire sur le bras de Marlène, objet sexuel devenu l’enjeu de leur rivalité. Mais quand le téléphone sonne, Marlène reprend immédiatement son rôle avec le naturel qui la caractérise et remet aussitôt leurs relations à plat : « Bureau du Commissaire Laurence, j’écoute ? »
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La comédie/l’humour
L’épisode de La Mystérieuse Affaire de Styles ne déroge pas à la tradition du comique et des dialogues ciselés de la série Les Petits Meurtres d’Agatha Christie (qu’est-ce qu’on se marre dans « Les Petits Meurtres » !)
On peut ainsi observer le Commissaire Laurence en train de rôder ses blagues sur les soi-disant cures de jouvence proposées par l’Institut de Styles et sur la différence d’âge (30 ans !) existant entre Emilie Beauregard, la propriétaire de l’Institut, et son jeune amant Adrien Sauvignac, le masseur « aux mains d’or » :
- Quand Eve Constantin, associée et directrice de l’Institut de Styles, se pointe au commissariat pour dénoncer la captation d’héritage dont ferait l’objet son amie et patronne Emilie Beauregard, Swan la prend de haut :
Eve Constantin : « Depuis quelques mois, je ne la reconnais plus.
Swann : – Elle a trop rajeuni ? Elle est redevenue un nourrisson ? »
- Swan surnomme aussitôt Adrien le « bébé nageur »d’Emilie, et quand celle-ci tente de se justifier :
Emilie Beauregard : « L’amour n’est pas une question d’âge…
Swan : Une question d’argent ? »
- Enfin, quand Swan surprend la consultation médicale d’une maman et de son petit Jules à l’Institut :
« C’est son mari ? Il a suivi votre cure de jouvence ? En effet, les résultats sont stupéfiants ! »
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Le charme insolite du vintage
Bagnoles (dont la Facellia rouge bordeaux du commissaire et la Caravelle bleue décapotable du journaliste), costumes, déco, le vintage est aussi une valeur sûre de la série, et qui va comme un gant à nos trois protagonistes ! Comme la gouaille aux accents rétro de cette chère Alice Avril :
Au Commissaire Laurence : « N’empêche qu’elle l’a trouvé, le macchabée ! »
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La modernité et la liberté de ton de la série des Petits Meurtres
La deuxième saison des Petits Meurtres d’Agatha Christie a beau se passer dans les années 50, les thèmes abordés sont typiquement contemporains.
Dans cet épisode de La Mystérieuse Affaire de Styles, il est ainsi question de la différence d’âge au sein d’un couple et beaucoup aussi d’homosexualité : à son arrivée au centre de soins Styles, le journaliste de Jour de Paris Martial Marchetti pose des yeux gourmands sur le jeune amant d’Emilie Beauregard, le masseur « aux mains d’or » Adrien Sauvignac. Et quand Avril et Marlène débarquent à l’Institut de Styles pour y mener leur propre enquête, Emilie Beauregard voit immédiatement en elles un couple de lesbiennes à qui « Crois moi, il […] faut un lit double ! ». Inutile de dire que ce n’est pas ce qu’on lit dans le premier roman d’Agatha CHRISTIE !
Evoquant Anaïs NIN, Emilie Beauregard se confie librement aux deux filles sur ses propres expériences de jeunesse, choquant Marlène qui n’aura de cesse de se justifier auprès du Commissaire, allant jusqu’à jurer sur la tête de Tata Lucette ! :
(Marlène à Alice) : « On aurait dit que j’étais un monstre. A cause de toi, le commissaire ne me verra plus jamais comme une femme normale ! »
Et si la piste d’un couple Emilie-Eve Constantin n’est pas suivie dans le scénario , ce n’est après tout qu’une fausse piste de plus, comme celles dont Agatha CHRISTIE truffe habituellement ses romans !….
Les blagues salaces et sous-entendus graveleux sont aussi très nombreux, dans cet épisode comme dans d’autres :
Swan interroge les filles dans leur chambre de l’Institut de Styles : « Et vous avril ?
Avril : – J’me faisais masser
Commissaire Laurence : – Et ?
Avril : – Et euh… j’ai pris mon pied ! Ben oui, c’est pas des paluches qu’il a … c’est comme des vagues… des p’tites vagues d’eau chaude qui vous caresseraient tout le corps…
Commissaire Laurence : – Oh merci, merci pour ce témoignage capital ! » (…) « Juste une dernière question : pourquoi un lit double ?
(Petit sourire coquin d’Avril qui se met à caresser Marlène) : – A votre avis ? »
Swan et Avril face affrontent leurs points faibles
Parmi les épisodes des Petits Meurtres d’Agatha Christie, La Mystérieuse Affaire de Styles est aussi un épisode un peu plus sérieux que les autres…puisque 2 personnages sur 3 vont affronter leurs failles…
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Le fringant commissaire nous fait le coup de la panne
L’épisode ouvre sur l’anniversaire du Commissaire Laurence ou plutôt son non-anniversaire, puisque Swan refuse obstinément que quiconque le lui souhaite, de Marlène qui tentera à plusieurs reprises de lui offrir la cravate choisie avec amour à sa propre mère à qui il expliquera que c’était quand il était petit qu’il avait besoin d’elle…
La belle légiste Euphrasie Maillol (Natacha LINDINGER) est partie et pire, Swan doit composer avec un légiste jeune, black et incroyablement branché qui le tutoie et peut lui en remontrer côté fringues et conquêtes féminines. Les temps changent ! Du coup, le commissaire commence à se regarder dans sa glace. Dès le lendemain, il se pointe à l’Institut sans cravate, la veste sur l’épaule. Le jour suivant en chemise casual à carreaux, puis en blouson de peau, pantalon de toile beige et polo bleu (boutonné jusqu’en haut) – « Personnellement, j’ouvrirais les 2 boutons du haut », lui glisse le légiste Timothée Glissant. Provoquant les remarques d’Avril :
Avril : « Mais c’est quoi ces fringues ? Laurence : – Hein ? quoi ? »
et du commissaire divisionnaire Tricard :
« Mais qu’est-ce que c’est que cette tenue ? Vous êtes commissaire de police, pas joueur de golf ! »
et celles, classiques et rassurantes, de Marlène :
« Avant 50 ans, un homme n’est pas un homme, c’est encore un enfant. (…) Et un homme doit aussi porter un costume et une cravate ! »
Au-delà de ses effets de garde-robe qui constituent un gag récurrent tout au long de l’épisode (le comique des Petits Meurtres peut aussi être très subtil), la métaphore des « animaux sauvages » filée par Swan et Diane Clément Roussel (une femme rencontrée à l’Institut de Styles) tourne au désavantage de celui-ci quand, chamboulé, il offre à sa nouvelle conquête une piètre prestation. Le commissaire est-il « bon pour le cimetière des éléphants » ?
Touchant et un peu pitoyable aussi, Swan prend conseil auprès du jeune légiste (plutôt mauvais signe, a priori !) et essaie de se rassurer comme il peut…
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Avril retrouve sa mère, avant de la perdre définitivement
La faille d’Alice Avril (élevée sans parents à l’Assistance publique) fait écho à l’enfance de Swan :
« Non mais moi c’était quand j’étais gamine que j’avais besoin d’une mère. Maintenant je me débrouille très bien toute seule, hein ! »
Totalement par hasard, Avril découvre sa mère en Emilie Beauregard, la propriétaire de l’Institut de Styles. Celle-ci aura à peine le temps de lui expliquer les circonstances qui l’ont poussée à l’abandonner, avant d’être empoisonnée et de mourir dans ses bras.
Face à Avril, qui pleure et, pour une fois, révèle ses faiblesses, Marlène agit un peu comme comme une mère, aimante, consolante :
Marlène au commissaire : « Il s’agit du meurtre de sa maman, tout de même ! Sinon je n’aurais rien dit. »
Un autre de ses rôles au sein du trio…
Différence d’âge au sein d’un couple, abus de faiblesse et captation d’héritage, multiples héritiers putatifs qui tirent la langue, modifications soudaines de testament, traitement à base de strychnine à petite dose contrarié par un somnifère, réunion des suspects dans une même pièce et, pour finir, un couple d’assassins improbable comme sorti d’un chapeau, l’adaptation, même très moderne, même pleine de personnalité, est finalement assez fidèle au roman d’Agatha CHRISTIE.
L’épisode est un peu déséquilibré et surprenant avec 2 personnages sur 3 en crise. Heureusement, Marlène « garde le commissariat » et reste fidèle à elle-même… Dommage tout de même cette robe au début de l’épisode qui ne lui va pas du tout au teint !
Etes-vous parmi les fidèles des Petits Meurtres d’Agatha Christie ? Avez-vous aimé cette adaptation de La Mystérieuse Affaire de Styles ?
En Savoir plus :
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